Les dysfonctionnements des programmes officiels d’enseignement.

Au niveau de l’enseignement primaire, les performances communicatives des élèves en langue française sont bien en deçà des espérances - niveau médiocre - tant sur le plan du code oral que sur le plan du code écrit. Les déficits langagiers constatés chez les apprenants sont dus à plusieurs facteurs parmi lesquels on cite les dysfonctionnements des programmes officiels.
1- La réforme du système éducatif - qui a commencé en 2003/2004 – et les programmes d’enseignement de la langue française – entrés en vigueur en 2004/2005 - ont bien défini le statut de la langue française. Il est question d’une langue étrangère et qui doit être enseignée en tant que telle. Or, les contenus linguistiques préconisés par les programmes et les textes de lecture proposés par les manuels scolaires sont destinés plutôt à l’enseignement / apprentissage d’une langue seconde pour ne pas dire carrément une langue maternelle.
2- Les quatre compétences fixées par les programmes qui touchent les quatre domaines de la compétence communicative (savoir écouter, savoir parler, savoir lire et savoir écrire) ne sont pas harmonieusement déclinées en objectifs d’apprentissage et en activités de langue. Cette hiérarchisation défectueuse des objectifs d’apprentissage et des contenus linguistiques causée par les différents « allégements » qu’ont subis les programmes ne facilite guère l’installation ou le développement de telle ou telle compétence.
3- L’objectif terminal d’intégration (OTI) de la 5°AP qui constitue le profil de sortie du cycle primaire (et le profil d’entrée au collège) a été travaillé au début de la réforme avec un volume horaire global de 512 heures (à savoir 96h en 2°AP, 128h en 3°AP, 128h en 4°AP et 160h en 5°AP). Malheureusement, avec les « remédiations » au fil des années, le même OTI en 5°AP est toujours préconisé mais avec un volume horaire global de 384 heures (à savoir 96h en 3°AP, 144h en 4°AP et 144h en 5°AP) d’où un écart de 128 heures.
4- Les manuels scolaires homologués qui devraient en principe traduire judicieusement les programmes officiels travaillent beaucoup plus les deux compétences du domaine de l’écrit (compréhension et expression écrites) que les deux autres compétences du domaine de l’oral (compréhension et expression orales).
5- Les contenus linguistiques préconisés sont organisés dans le cadre d’une progression verticale (axe paradigmatique). Il s’agit d’une série de listes de notions linguistiques cloisonnées. Or, dans le cadre de l’application de la pédagogie du projet, une progression horizontale (axe syntagmatique) constitue un facilitateur de la pédagogique de l’intégration. Le décloisonnement des contenus linguistiques s’avère indispensable.
6- Les programmes semblent mettre sur le même plan d’égalité l’installation d’une compétence communicative et l’installation une compétence linguistique (maîtrise du code de la langue). Or, cette deuxième devrait en principe être au service de la première pour permettre aux apprenants de mobiliser les acquis appropriés (savoirs, savoir-faire, savoir-être) pour résoudre telle ou telle situation-problème.
7- La lecture des programmes et des manuels scolaires du cycle laisse entrevoir des écarts entre les trois niveaux d’enseignement. Non seulement la progressivité n’est pas assurée entre la 3°AP et la 4°AP mais aussi elle fait défaut entre la 4°AP et la 5°AP.